Le désir

 

 

Plan

 

  Introduction

Faut-il réprimer nos désirs ? 

  I. Le désir, son objet et sa nature

A. Le désir est à distinguer du besoin

B. Le désir est aveugle

C. Le désir est déraisonnable

  II. A quelle loi soumettre le désir ?

A. Attitudes extrêmes

B. Attitude moyenne

  III. La loi du désir

A. La logique du désir

B. Explication

  Conclusion

Esquisse d'une anthropologie du désir

 

 

 

 

Introduction

 

Le désir est de nature contradictoire
Le désir est la recherche d'un objet que l'on imagine, ou que l'on sait être source de satisfaction.
Le désir est donc accompagné de souffrance, d'un sentiment de manque ou de privation.
Et, pourtant, il semble refuser la satisfaction, puisque, à peine assouvi, il s'empresse de renaître.

Cf. Platon, Banquet, naissance d'éros

 

=> Problème :
Ne faudrait-il pas, pour bien faire, réprimer nos désirs ?
Cf.
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

 

 

I. Le désir, son objet et sa nature

 

 

A. Le désir est à distinguer du besoin

"Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà l'objet du désir", disait Platon. Ce dont on manque n'est-il pas en effet ce dont on a besoin ? Le désir semble-t-il être ainsi la prise de conscience du besoin (besoin de boire, manger, dormir, se reproduire, etc.).

Mais, si le désir n'était que la conscience d'un besoin, comment expliquer que les hommes ne se contentent pas de désirer ce dont ils ont besoin ? A la différence du besoin, qui, une fois satisfait, disparaît, le désir semble insatiable : à peine lui a-t-on donné satisfaction que, tel le sphinx, il renaît de ses cendres, à la recherche d'un nouvel objet sensé lui procurer à nouveau et davantage du plaisir !

Le besoin, chaque fois qu'il peut être sataisfait disparaît de la conscience du sujet : il n'est originairement que la relation d'appropriation de l'être vivant à son milieu, dans lequel il puise les moyens de sa subsistance. C'est lorsque l'objet du besoin vient à manquer que le manque éprouvé se transforme en désir. Ce n'est pas que le besoin alors disparaisse, mais il se métamorphose et se met à vivre de sa vie propre, une vie attisée par l'imagination. Et, comme ce qui est donné ne peut évidemment pas rivaliser avec ce qui est imaginé (c'est toujours bien mieux chez les autres ...) le sujet ne va pas se contenter de ce que son milieu de vie naturel lui offre : il va le transformer de manière à le conformer à son attente.

C'est ainsi que, par le désir, l'être humain devient producteur, qu'il cesse d'être simple consommateur et que son monde, le monde humain, est monde du désir.

 

B. Le désir est aveugle

Cf. Platon, Gorgias

Platon oppose la cuisine à la médecine. Il veut ainsi donner à comprendre la différence entre le désir ( auquel répond la satisfaction subjective, le plaisir ) et la raison ( qui veille à la satisfaction objective, qui discerne ce qui est désirable ) : le désir est aveugle !

Cf. René Girard, sa théorie du désir mimétique

René Girard met en évidence le fait que le sujet du désir calque son désir sur le désir des autres, dans l'ignorance qu'il est originairement de ce qui pourrait lui procurer satisfaction. A la différence de l'animal, l'homme n'a en effet pas d'instincts qui lui indiqueraient ce qui lui pourrait lui convenir et et qui le guideraient dans la recherche de la satisfaction.

Ignorant ce qui lui convient le désir est aveugle.

 

C. Le désir est déraisonnable

Précisons l'opposition entre le désir et la raison. Nous éprouvons des désirs pour des objets incapables de nous satisfaire. Cf. Schopenhauer

Cela tient à ce que, au fond, il est indifférent à l'objet vers lequel il nous porte. Cf. Sartre, Huis-Clos

Aussi est-il moins recherche (positive) de quelque chose qu'expérience (négative) du manque. D'où son symbole mythique : le tonneau des Danaïdes

Ignorant ce dont il manque, il est insatiable.

 

 

II. A quelle loi soumettre le désir ?

 

 

A. Attitudes extrêmes

 

- Laisser libre cours à tous ses désirs ( => intempérance,débauche)

- Les refuser tous ( => ascétisme, privation)

 

L'intempérance et la privation sont également critiquables :

• l'intempérance (ex. Calliclès ) est vouée à l'échec : il est impossible de satisfaire tous nos désirs. Cf. Epicure

• Le renoncement - ascétisme - (ex. jansénisme et bouddhisme) est refus de ce qui peut donner goût à la vie et compremettre ainsi l'accès au bonheur.

 

B. Attitude moyenne

 

La tempérance, régulation du désir par la raison, au moyen de la volonté (avec quoi on ne saurait le confondre : cf.cours sur la volonté) . Ex. Epicure

=> Le grand art : savoir " ce qui nous fait réellement plaisir " (S. Butler)

 

 

III. La loi du désir

 

A. Logique du désir

Le désir a sa logique, qui justifie psychologiquement la tempérance : pour exister il a besoin d'obstacles, d'interdits.

Loi du désir : pour se faire désirer, il faut savoir se refuser. Cf. Kant, Anthropologie

 

B. Explication

Qui dit désir, dit en effet insatisfaction. Aussi plus le désir est contrecarré, plus il est intense, et donc plus vive pourra en être la satisfaction !

 

 

Conclusion

 

L'homme, être de désir. Cf. Spinoza, Ethique

• Si l'homme est un être de désir, c'est parce que

1) il est un être inachevé, à qui il manque toujours quelque chose, sans qu'il sache au juste quoi;

2) il lui revient, pour une grande part, d'assumer son propre inachèvement.

• Si l'homme est un être de désir, c'est aussi, et peut-être surtout, parce qu'il manque de l'AUTRE, qu'il est incomplet.

Cf. Gaston Bachelard, Préface à JE et TU de Martin Buber

Cf. Platon, Banquet, discours d'Aristophane

 

© M. Pérignon