le jansénisme

 

 

Le jansénisme a trouvé son origine dans la tradition augustinienne. Au XVIe siècle, le jésuite espagnol Molina avait mis l'accent sur la nécessité de compléter la grâce par le mérite individuel. Les dominicains espagnols s'opposèrent à cette extension du libre arbitre au domaine de la grâce. Le chancelier de l'université de Louvain, Baïus, insista sur l'efficacité de la grâce procurée par le seul mérite de Jésus-Christ. Malgré les condamnations de Baïus par le pape en 1567 et 1579, l'université de Louvain demeura un centre important du renouveau augustinien et de la lutte contre le molinisme.

La publication de l'Augustinus de Jansénius, en 1640, raviva la querelle. Saint-Cyran répandit le jansénisme en France et s'opposa à l'autorité royale. Il était directeur de Port-Royal, dont l'abbesse, Mère Angélique Arnauld, fit le centre du jansénisme. Son frère Antoine, dit le Grand Arnauld, devint le chef du mouvement, après l'arrestation de Saint-Cyran par Richelieu (1638), avec son traité sur la Fréquente Communion (1643).

La toute-puissance de la prédestination divine et l'austérité de la morale prêchées par Port-Royal eurent une grande influence sur l'ensemble du monde catholique au XVIIe siècle. En 1653, le pape Innocent X s'inquiéta de cette évolution et condamna cinq propositions de l'Augustinus. Les jansénistes nièrent l'existence de ces propositions dans l'Augustinus, et la publication des Provinciales de Pascal, en 1656, dénonça l'arbitraire de cette condamnation. Louis XIV, malgré la proclamation, en 1669, de la « paix de l'Église », ne cessa de voir dans les jansénistes des ennemis de l'État (expulsion en 1709 des religieuses de Port-Royal).

Après la mort en exil du Grand Arnauld, la direction du jansénisme passa à Quesnel, qui fut à son tour condamné (par la bulle Unigenitus) pour ses Réflexions morales (1713). Plusieurs membres du clergé (les Appelants) pensèrent trouver une solution au conflit dans un appel au pape et la convocation d'un concile. Mais le jansénisme se divisa entre un parti politique, qui soutint le parlement de Paris contre le pouvoir royal, et un parti mystique, les convulsionnaires. Ceux-ci affirmèrent la réalité des miracles accomplis au cimetière de Saint-Médard sur la tombe du diacre Pâris (1727). L'abbaye de Port-Royal avait été détruite en 1710, mais le jansénisme ne prit vraiment fin qu'avec la Révolution française.

 

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